Extrait du texte de Jacques Tarnero
"L'imaginaire raciste"
Editions Milan, 1995 - Collection Les Essentiels Milan (Toulouse)
(dessin: Mike Keefe)
Jeu et force de l'imaginaire
(...) Le racisme joue sur un fantasme (c'est à dire une représentation imaginaire) individuel ou collectif: celui qui est visiblement différent ou, au contraire, celui qui est invisible représente une menace, un danger dont il faut se prémunir, qu'il faut asservir ou détruire. La victime du racisme devient le bouc émissaire des phobies du raciste. Le racisme met en jeu des dynamiques psychologiques fondamentales: troubles de la personnalité narcissique, rôle de l'autre en miroir de soi, besoin de vivre comme homme imaginaire, désignation de l'étranger comme cause imaginaire des frustrations, etc. L'étranger nous révèle par défaut, il présente une autre réalité et "cet autre bizarrement différent nous ressemble".
La mécanique raciste va donc aggraver ces perceptions en rationalisant ce qui est identifié comme la causalité d'un malheur ressenti. "C'est de leur faute", ils, "les autres, les étrangers, les Juifs, les Noirs, les Arabes sont la source de nos malheurs". Ces attributions, par leur généralisation et leur sophistication, alimentent le discours et les attitudes du raciste: ce n'est pas un Juif qui est escroc, ce sont tous les Juifs qui le sont. La pensée raciste n'est donc pas une pensé rationnelle même si son expression a parfois le souci de la cohérence et de la théorie. La force des préjugés, qui forment le tissu du racisme, procède d'un principe d'évidence admis communément par une partie du corps social à un moment donné d'une société.
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